
Maman, je n’ai plus faim…mais est-ce que je peux avoir du dessert?
Elyse Dubois, Dt.P, M.Sc. Ressource régionale- saine alimentation Concertation pour de saines habitudes de vie en Outaouais
Cette phrase vous est-elle familière? Comme parents, êtes-vous du type à laisser le libre choix à votre jeune, à entrer en négociation avec lui ou bien la question ne se pose même pas : c’est non! Il n’est certes pas toujours facile de faire la distinction entre un caprice et l’expression honnête (et parfois maladroite) d’un besoin alimentaire comblé ou non.
Les bases pour le développement de saines habitudes alimentaires et d’une image corporelle positive
D’abord, en tant qu’adultes, il importe de reconnaître que notre attitude et nos pratiques éducatives influencent la relation qu’entretient (ou entretiendra) le jeune face à la nourriture et face à son corps. Vous êtes un modèle pour vos enfants. Ceci est vrai pour les parents mais aussi pour papi et mamie, matante Sylvie, la gardienne de Thomas et l’éducateur de Chloé. À table, c’est l’occasion d’offrir aux enfants une variété d’aliments sains et savoureux, dans un environnement convivial où l’on misera sur le plaisir et la découverte. Discuter du dernier régime anti-carboglutenomachinchouette de matante Sylvie n’a clairement pas sa place ici.
Aussi, faut-il apprendre à respecter le rythme de développement de l’enfant. Les jeunes ne grandissent pas tous à la même vitesse, ils ne développent pas tous le même format corporel et certains mettront plus de temps à apprécier les asperges au fromage bleu que d’autres. C’est normal! Que Matis soit plus difficile et moins costaud que son frère cadet ne justifie en rien de lui mettre de la pression et du stress à manger plus.
Dernier point, et non le moindre, les enfants sont des mangeurs intuitifs. Cela signifie qu’ils ont cette habileté naturelle, innée, à répondre à leurs signaux de faim et de satiété. En tant que parents, un des plus beaux cadeaux que vous pouvez offrir à votre enfant est de lui faire totalement confiance dans sa capacité à respecter ses signaux internes. Récompenser ou punir l’enfant avec des aliments, le forcer à manger alors qu’il est repu ou le féliciter parce qu’il a mangé tous ses légumes sont des pratiques qui peuvent interférer avec ce précieux et fragile mécanisme de régulation.
Le style démocratique : l’approche à privilégier
Dans les années 80-90, la diététiste et psychothérapeute Ellyn Satter[1] a introduit le concept de la division des responsabilités en contexte d’alimentation. Cette approche, qui propose un juste partage du pouvoir entre l’adulte et l’enfant, est celle que l’on privilégie désormais dans les CPE du Québec[2]. Elle se résume comme suit :
Responsabilités de l’adulte :
- offrir des aliments variés, savoureux et nutritifs à l’enfant (quoi)
- déterminer l’horaire et le lieu des repas et des collations (où et quand)
- s’assurer que l’atmosphère est agréable lors des repas (comment)
Responsabilités de l’enfant :
- décider de la quantité de nourriture qu’il mange selon son appétit (combien)
- manger selon ses goûts et préférences alimentaires (si oui ou non)
Alors, la prochaine fois que Chloé repousse son assiette après avoir mangé cinq bouchées et vous demande du dessert, vous pouvez simplement lui retirer son assiette sans faire de reproches, valider avec elle son niveau réel d’appétit (les chances sont qu’elle se soit gardée une petite place pour la suite) et, en guise de complément, lui proposer un dessert nutritif et délectable.
[1] Pour plus d’information (en anglais seulement) : http://ellynsatterinstitute.org/index.php
[2] Ministère de la famille. (2014). Gazelle et potiron : cadre de référence pour créer des environnements favorables à la saine alimentation, au jeu actif et au développement moteur dans les services de garde éducatifs à l’enfance. https://www.mfa.gouv.qc.ca/fr/publication/Documents/guide_gazelle_potiron.pdf